Les derniers mois ont été fertiles en discussions concernant l’avenir du système de retraite québécois. D’abord, le Projet de loi 149 portant sur l’amélioration du Régime de rentes du Québec (RRQ) a été présenté par le gouvernement du Québec le 2 novembre 2017.
Puis, à la suite de la publication du rapport Fortin sur la question des clauses de disparité de traitement (« clauses orphelin ») en fonction de la date d’embauche dans les régimes de retraite et d’assurance collective, un autre débat occupe l’espace public : doit-on interdire les clauses orphelin au Québec pour protéger les jeunes générations, en plus de ce qui résultera de l’amélioration annoncée au RRQ?
Le 11 janvier 2018, Mercer a organisé une table ronde pour recueillir l’opinion des employeurs sur le sujet, opinion qui peut être résumée comme suit :
Nous décrivons ces points plus en détail ci-après.
Selon l’interprétation reconnue, une clause orphelin consiste à offrir une condition de travail moins avantageuse à un employé uniquement en raison de sa date d’embauche. Ce type de clause a été mis en place dans bon nombre de régimes de retraite, mais est très peu fréquent dans les programmes d’assurance collective.
Pour l’ensemble des intervenants réunis lors de notre table ronde, il faut différencier ce type de changements avec d’autres changements intervenus dans le passé et qui ne devraient pas être considérés comme des clauses orphelin, par exemple :
Depuis la mise en place de généreux régimes de retraite à prestations déterminées dans les années 1970 et 1980, les réalités économiques et démographiques ont énormément changé. Ces phénomènes ont poussé les employeurs à réévaluer leurs programmes pour les adapter aux nouvelles réalités.
En même temps, les employeurs ne veulent pas apporter des changements aux dépens de leurs travailleurs actuels envers qui ils tiennent à respecter les promesses qui leur ont été faites au moment de leur embauche. Plusieurs de ces employés approchent de la retraite et un changement aux programmes est très intrusif dans leur planification financière. En évitant de les viser, les changements peuvent se faire plus graduellement dans l’organisation, dans le respect des négociations déjà intervenues avec les employés actuels et en évitant des enjeux de congédiement déguisé.
Selon les statistiques colligées par Mercer, un peu plus de 40 % des organisations ont déjà introduit des changements à leur régime de retraite en fonction de la date d’embauche. Plusieurs l’ont fait avec comme objectif d’offrir un programme équivalent, mais certains ont mis en place un régime moins généreux. Chaque situation est particulière et peut impliquer d’autres éléments de la rémunération globale des employés.
Il faut noter que certaines organisations fédérales ayant des employés au Québec ont aussi prévu des clauses orphelin dans leur régime de retraite pour leurs nouveaux employés partout au Canada.
Lors de notre table ronde, les participants ont convenu que le maintien de la flexibilité actuelle est sans contredit la seule option envisageable, qu’ils aient déjà mis des changements en place ou non.
Un large consensus existe parmi les employeurs. La possibilité de mettre en place des programmes d’avantages sociaux différents pour les nouvelles générations de travailleurs est une flexibilité nécessaire. Une interdiction des clauses orphelin aurait des conséquences fâcheuses pour eux et pour leurs employés. Les plus vieux pourraient devoir migrer vers des régimes à cotisations déterminées quelques années avant leur retraite. Les plus jeunes ne gagneront rien car des régimes à cotisations déterminées leur seront offerts de toute façon.
Les employeurs font face à de nombreux défis de gestion des coûts et de la main-d’œuvre présentement. Les cotisations au RRQ seront majorées pendant sept ans, les prélèvements sur la masse salariale sont de loin plus importants au Québec qu’ailleurs au Canada, les normes du travail sont en évolution au Québec et en Ontario, la hausse des coûts des assurances collectives est incontrôlée et le salaire minimum croît plus vite que par le passé. Les employeurs ne veulent pas en plus avoir à rouvrir des chantiers déjà complétés comme ceux des régimes de retraite et des avantages sociaux. Ces enjeux sont déjà réglés dans plusieurs cas. Ils ont été réglés de façon responsable en respectant les promesses déjà faites. Les employeurs nationaux ne veulent pas avoir à traiter leurs employés du Québec différemment de leurs autres travailleurs canadiens.
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