Selon le Fonds monétaire international, ce serait le cas. La semaine de quatre jours représente un avantage de taille pour les 100 millions de travailleurs à l’échelle mondiale qui ne peuvent pas s’acquitter de leurs tâches à distance. À mesure que nous expérimentons les horaires flexibles, il devient de plus en plus évident qu’il est plus facile d’offrir la flexibilité aux travailleurs du savoir qu’aux travailleurs de la santé, de la construction et de la vente au détail, entre autres, qui sont considérés comme « essentiels » et dont les tâches sont exécutées dans un lieu particulier. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que les employés de ces trois secteurs d’activité sont ceux qui se sentent le moins épanouis cette année.
Puisque nous sommes au début des projets pilotes, il est important de veiller à ce que l’organisation du travail et des horaires soient inclusifs, de façon à répondre aux besoins de tous les travailleurs. Les progrès réalisés grâce aux caisses libre-service ont changé les fonctions des commis-vendeurs au détail tout comme l’intelligence artificielle (IA) a eu une incidence sur le travail des techniciens en radiographie. Ainsi, nous savons qu’il est possible d’améliorer l’efficacité de tous les types d’emplois, qu’ils soient occupés par des travailleurs du savoir, des travailleurs de première ligne, des travailleurs essentiels ou des travailleurs manuels. La technologie est souvent utile pour aplanir les disparités. Or, lorsque l’organisation du travail est repensée en fonction de l’IA et de l’automatisation, divers groupes de travailleurs peuvent en subir des conséquences non intentionnelles et avoir le sentiment d’être perdants. L’automatisation des tâches ne s’est pas traduite, comme promis, par un redéploiement des talents dans des postes plus stratégiques, par exemple. Un des défis est le manque de temps, le temps d’acquérir de nouvelles habitudes de travail (par exemple, où, quand et avec qui choisir de travailler lorsque tout le monde est accessible en tout temps), le temps de se familiariser avec de nouvelles technologies (utiliser non seulement les fonctions de base, mais maîtriser la nouvelle technologie pour vraiment réussir à accroître la productivité) et le temps d’acquérir les nouvelles compétences stratégiques et créatives nécessaires pour que l’humain devienne un atout dans les emplois de l’avenir.
Il n’est pas toujours évident de déterminer les emplois qui peuvent tirer parti de l’automatisation ou de modalités de travail flexibles, ce qui entraîne des frustrations chez certains groupes qui se voient offrir des avantages inégaux. Pour l’instant, il faudra faire preuve d’une plus grande ouverture à l’égard des postes partagés, des quarts de travail fractionnés et des horaires établis selon l’IA pour combler les écarts de productivité et de temps. Il vaut également la peine de se demander si un congé pour les travailleurs de la santé et du secteur des services est vraiment la meilleure solution pour améliorer le bien-être et combler les lacunes en matière de protection de la santé et des avoirs. Peut-être qu’une meilleure solution consiste à augmenter les salaires?